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World: Eau, mégapoles et changement global: Portraits de 15 villes emblématiques du monde

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Source: UN Educational, Scientific and Cultural Organization
Country: Argentina, China, India, Japan, Mexico, Nigeria, Philippines, Republic of Korea, Turkey, Viet Nam, World

Préface

Au-delà des conditions spécifiques locales concernant leur situation géographique, climatique, hydrogéologique, démographique et économique, les mégapoles ont toutes des problèmes de gouvernance de l’eau, avec des acteurs multiples ayant leurs propres intérêts et objectifs ; mais elles peuvent aussi partager leurs solutions pour s’adapter au changement climatique. Les solutions aux problèmes de l'eau dans les grandes villes englobent des aspects tellement divers qu'elles ne peuvent pas être portées uniquement par quelques personnes aussi représentatives soient-elles.

Une vision globale peut seulement être trouvée grâce à la collaboration de nombreux points de vue.
La genèse de ce livre est clairement géographiquement centrée dans la région parisienne, qui est en même temps, le siège de l'UNESCO et celui de l’association des acteurs régionaux de l’eau ARCEAU IdF, et qui a également accueilli la COP21 en décembre 2015. À notre avis, le cas de Paris montre que la réunion des acteurs locaux et régionaux autour des enjeux de l’eau est possible à grande échelle. Cet ouvrage, publié dans le cadre de la Conférence internationale « Eau, mégapoles et changement global » au cours de la COP21 à Paris, soulève au moins deux grandes questions :
Pourquoi cette initiative est venue de la métropole de Paris en France ?

Quelles sont les connaissances qui sont apportées aux différents acteurs concernés ?
La loi de 2015 portant sur l'organisation du territoire a créé la Métropole du Grand Paris. Celle-ci n'a pas des caractéristiques véritablement différentes d'autres mégapoles du monde occidental. Ses réseaux d'eau et d'assainissement ont été conçus et développés au XIXe siècle ; le pic d'expansion urbaine est derrière elle. La seule originalité est peut-être la Seine avec son débit relativement faible au regard de la pression anthropique qu’elle doit supporter alors que c’est une ressource importante pour l’alimentation en eau potable.

Du côté de l'organisation institutionnelle là encore, il n'y a pas de grandes particularités : comme dans d’autres mégapoles du monde, autour d’une ville centre : ici Paris, de multiples acteurs, allant du simple citoyen aux services de l'État, en passant par un grand nombre de collectivités territoriales organisent et font la vie de cette mégapole. Paris, en tant que ville centre, a une importance particulière par rapport aux autres cités de l'agglomération qui constituent la banlieue.

Citons cependant la division en trois échelles : communal, départemental et interdépartemental, de la gestion de l'assainissement, et le partage de l'alimentation en eau entre trois principaux syndicats, deux étant en gestion déléguée, et le troisième en gestion directe.

L'examen des principaux acteurs et de leur action est plus intéressant. Commençons par les techniciens. Depuis longtemps déjà, ils ont été habitués à échanger avec leurs collègues étrangers et à essayer de produire les innovations qui leur permettront de gérer encore mieux leurs réseaux que ce soit celui d'assainissement ou celui d'alimentation en eau potable. Cette tradition leur a valu de se trouver en bonne place dans les congrès internationaux et a assuré leur réputation. Les générations d'aujourd'hui n'ont pas non plus démérité et elles portent, entre autres, la restauration de la qualité de la Seine, la réhabilitation de la grande station d'épuration Seine aval à Achères ou encore la gestion automatisée des réseaux.

La recherche est un autre atout de la mégapole. L'un des rares laboratoires qui travaillent en France sur les thématiques de l'eau urbaine se trouve en région parisienne. Ses chercheurs ont, avec d'autres, été à l'origine du développement des techniques de contrôle à la source pour les eaux pluviales. Ils ont été aussi à la pointe en ce qui concerne la connaissance de la pollution des rejets d'eaux usées de temps de pluie en développant des systèmes de mesure et des outils de modélisation. D'autres laboratoires aussi bien publics que privés - les trois grands industriels de l’eau ont leur centre de recherche en région parisienne -, ont fait faire des bonds considérables aux techniques d'épuration des eaux usées, ainsi qu'aux systèmes de traitement pour la potabilisation des eaux. Un important programme de recherche, le PIREN Seine, est conduit par le CNRS sur le bassin de la Seine. Ses apports pour les gestionnaires sont capitaux. Les sciences sociales et humaines sont aussi très présentes. On peut juste regretter que ces avancées n’aient été que peu diffusées à l'international.

Enfin, dans les années 2000, il existe des élus locaux qui s'intéressent à la gestion de l'eau dans la grande lignée de leurs prédécesseurs de l'entre-deux-guerres. Ces derniers ont créé, quelles que soient leurs orientations politiques, un système d'épuration pour l'ensemble de l'agglomération parisienne, et ont cherché à mettre en place une gestion partagée de l'alimentation en eau.

Une conjonction heureuse s'est produite en 2013, tous ces acteurs de qualité se sont réunis autour d'un projet de valorisation des recherches et des expériences locales : l’association ARCEAU IdF (Association Recherche-Collectivités dans le domaine de l’Eau en Île-de-France). Cette association cherche à créer un lien entre chercheurs, politiques et opérateurs. Cette configuration est, je pense, assez unique aujourd'hui dans le monde. Elle a voulu montrer tout l’intérêt des échanges entre ces communautés avec la conférence internationale : « Eau. mégapoles et changement global » en 2015 à Paris.

La deuxième question était : quelles sont les connaissances apportées aux différents acteurs concernés ? Le présent ouvrage, par la juxtaposition des monographies de ces quinze mégapoles, permet de faire apparaître un certain nombre de conclusions, dont les principales sont explicitées dans la synthèse. Celle-ci permet de mettre l'accent sur les problèmes communs rencontrés dans ces agglomérations ou au contraire sur leurs aspects spécifiques. Le champ abordé est déjà très large puisqu'il concerne la gestion des réseaux, les risques naturels, les relations de l'eau avec l'aménagement urbain, les aspects économiques et les modes de gouvernance. Elle ne cache pas aussi les limites de l'exercice, car il n'est pas possible de donner une définition unique de ce qu'on appelle « mégapole » dans les différentes monographies. Du fait de cette « non-définition » de la notion de « mégapole », les chercheurs risquent de se trouver frustrés par la lecture de cet ouvrage.
Mais celui-ci est plus un appel à approfondir un certain nombre d'analyses à commencer par, comme le suggèrent certains, se poser la question de ce qui fait que les problèmes de gestion de l’eau dans ces très grandes agglomérations posent des questions particulières.

Ces questions concernent non seulement les actions qui peuvent être entreprises pour améliorer la gestion de l'eau : une station d'épuration pour plusieurs millions de personnes ne fonctionne pas de manière identique à une station pour quelques milliers d'habitants, un taux de croissance urbaine élevé va induire une réflexion particulière sur la qualité et la quantité d'eau à distribuer, la notion de risques à ces échelles prend une autre dimension. Elles concernent aussi les solutions grâce aux potentiels de recherche et d'innovations se trouvant dans ces mégapoles, tant à l'intérieur du monde académique que dans les associations de citoyens. Le prolongement de cette approche conduit inévitablement au mode de gouvernance, qui est bien évidemment la source de toutes les solutions pertinentes.

Jean-Claude Deutsch, Président d’ARCEAU IdF


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