Plus de 12 millions de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays en Afrique, selon le nouveau rapport de l’IDMC
Selon le Rapport sur les déplacements internes en Afrique, présenté aujourd’hui à Addis-Abeba, au cours de la seule année 2015, 3,5 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur de leur propre pays par les conflits, la violence et les catastrophes soudaines en Afrique. Ce chiffre équivaut en moyenne à plus de 9500 personnes forcées d’abandonner leur foyer chaque jour. À la fin de cette même année, 12,4 millions de personnes au total vivaient en situation de déplacement dans 21 pays africains du fait des conflits et de la violence. Chaque cas représente un drame personnel et un défi de plus pour les intervenants locaux, nationaux et internationaux.
Au vu des premiers chiffres disponibles, 2016 ne devrait malheureusement pas déroger à cette règle. À l’avenir, le changement climatique ne fera qu’aggraver ces tendances, les épisodes récurrents d’inondation, de sécheresse, de hausse des températures et de dégradation de l’environnement aggravant l’exposition et la vulnérabilité des populations aux risques qui y sont liés.
« Ces 12,4 millions de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (PDI) représentent plus du double de la population de réfugiés du continent, qui s’élève à 5,4 millions. Ce chiffre est révélateur du caractère prolongé des nombreux conflits qui agitent l’Afrique. Néanmoins, il reste bien en deçà de la réalité et ne rend pas pleinement compte de l’ampleur de la crise de déplacement interne qui touche l’Afrique. En effet, on ne dispose pas de données dans le temps concernant les millions de personnes qui se retrouvent prises au piège du déplacement du fait de catastrophes et de projets de développement », déplore Alexandra Bilak, Directrice de l’Observatoire des situations de déplacement interne (IDMC).
Par ailleurs, ce chiffre ne tient pas compte des personnes déplacées par les aléas à évolution lente, comme les sécheresses récentes et actuelles aux effets dévastateurs, qui sont à l’origine d’innombrables mouvements de population en Éthiopie, à Madagascar, au Malawi et au Mozambique.
« Ces “angles morts” occultent notre compréhension du phénomène, entravant ainsi les efforts entrepris pour fournir une assistance et une protection efficaces aux personnes affectées et, a fortiori, pour prévenir ces mouvements de population », explique Alexandra Bilak.
Pour Maya Sahli Fadel, Rapporteur spécial de l'UA sur les réfugiés, demandeurs d'asile, migrants et personnes déplacées, « le suivi des déplacements internes a progressé ces dernières décennies, mais nos connaissances en la matière restent encore trop lacunaires. Même les informations les plus élémentaires sur les répercussions de la sécheresse et des projets de développement, deux des principaux facteurs de déplacement en Afrique, font défaut ».
Et de conclure : « ce rapport vient nous rappeler à point nommé l’ampleur et la complexité de ce problème à l’heure où nous célébrons l’anniversaire de l’entrée en vigueur de la Convention de Kampala, cet engagement historique pris par l’Afrique de prévenir les déplacements et de protéger les droits des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays ».
Le dernier rapport de l’IDMC est le premier qui réunisse des analyses et des données globales sur les déplacements internes en Afrique. Lancé avec le soutien politique de l’Union africaine et du bureau de représentation du NRC auprès de l’UA à Addis-Abeba, il examine également certaines des causes profondes qui sont à l’origine de formes plus larges de déplacement et de migration en Afrique et ailleurs. En publiant ce rapport, l’IDMC, qui fait figure de chef de file mondial du suivi des déplacements internes, s’engage à mettre à la disposition des décideurs politiques nationaux, régionaux et internationaux son savoir-faire et les outils nécessaires pour les aider à trouver et à mettre au point des solutions durables au déplacement.
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