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Democratic Republic of the Congo: Des familles déchirées : Les effets des déplacements répétés sur la dynamique familiale dans l’Est de la RDC

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Source: International Alert, Internal Displacement Monitoring Centre
Country: Democratic Republic of the Congo

Introduction

Le présent document est le deuxième d’une série de dossiers thématiques s’inscrivant dans le cadre d’un projet entrepris par le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), l’Observatoire des situations de déplacement interne (IDMC), International Alert et Climate interactive. Ce projet vise à accroître la résilience des populations confrontées à des déplacements multiples en République démocratique du Congo (RDC).

Plus précisément, son objectif est de recueillir des données empiriques sur ce phénomène et de mieux comprendre la façon dont les déplacements à répétition affectent la résilience des personnes touchées, et ce, afin d’améliorer l’action humanitaire dans ce domaine.

La République démocratique du Congo est le théâtre de déplacements forcés à grande échelle depuis les années 1990, tant à l’intérieur qu’au-delà de ses frontières. Au 30 septembre 2015, le pays abritait au moins 1 662 500 personnes déplacées internes (PDI), dont 1 066 800 vivaient dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu à l’Est du pays.

Depuis les guerres régionales qui ont sévi entre 1996 et 2003 et la transition vers la démocratie en 2006, la violence armée dans cette partie du pays a peu à peu diminué. Néanmoins, elle reste élevée, alimentée par la mauvaise gestion des affaires publiques et la présence sur le territoire de différents groupes armés nationaux et étrangers aux motivations criminelles et politiques changeantes.
Les résultats qui ressortent de la première année de recherche montrent que les déplacements multiples ont une incidence sur la composition de la famille, les relations entre leurs membres et les rôles de chacun.
Ce deuxième dossier thématique analyse de façon plus approfondie la façon dont ce phénomène affecte la dynamique familiale des PDI et leur capacité à faire face aux conséquences du déplacement. Notre analyse repose sur des données collectées en mars 2015 dans les territoires de Masisi et de Fizi, situés dans les provinces du NordKivu et du Sud-Kivu.

Au total, 31 discussions de groupe ont été organisées auprès de 182 femmes et 144 hommes issus des communautés d’accueil et de familles déplacées. Des entrevues ont également été menées auprès d’informateurs clés, à savoir sept membres de ménages déplacés et de familles d’accueil, et six dirigeants de communautés locales et déplacées. Notre analyse se base également sur des recherches documentaires et des données recueillies pour l’ensemble duprojet, tels que des rapports descriptifs, études contextuelles et comptes rendus d’ateliers

Parmi les ménages de déplacés et les familles d’accueil qui ont participé à cette étude, beaucoup ont dû fuir à plusieurs reprises, jusqu’à sept fois parfois, entre 1992 et 2014. Certaines personnes ont même eu des difficultés à se rappeler le nombre de déplacements subis.

Les conflits et les affrontements opposant le gouvernement et les groupes armés, dont le CNDP , l’AFDL et le RCD dans le territoire de Masisi et la milice Maï-Maï Yakutumba dans le territoire de Fizi, sont les principaux motifs de déplacement invoqués par les deux groupes. Les PDI interrogées ont indiqué avoir gagné leurs lieux de refuge actuels entre 2008 et 2015 et y avoir vécu depuis.
Les personnes déplacées dans le Nord-Kivu sont géné-ralement restées plus longtemps au même endroit que celles du Sud-Kivu. La plupart des familles d’accueil ont également été déplacées à un moment donné, mais ont pu rentrer chez elles depuis.

Les recherches sur lesquelles repose le présent document montrent que la sécurité, l’accès à la terre, les opportunités économiques, la présence de réseaux sociaux et la solidarité des communautés d’accueil sont les principaux critères qui motivent le choix du lieu de refuge.
Ces constatations corroborent les conclusions du premier dossier thématique, lequel met en lumière les facteurs qui déterminent le choix du moment du départ et du lieu de destination.9

La distance parcourue entre les localités d’origine et les lieux de refuge varie d’une personne à l’autre, allant de quelques kilomètres à plusieurs jours de marche. À Birere dans le Nord-Kivu et à Nundu et Swima dans le Sud-Kivu, certaines PDI, qui avaient trouvé refuge dans la brousse, ont dû fuir plus loin encore durant leur dernier déplacement.
En effet, la situation sécuritaire, alimentaire et sanitaire était devenue invivable plus près de chez elles.

Dans le Sud-Kivu, où il n’y a pas de camps de déplacés, la totalité des PDI que nous avons rencontrées vivaient dans des familles d’accueil, tout comme de nombreuses personnes déplacées à Kibabi, dans le Nord-Kivu. Les conditions de logement varient, certains hôtes hébergeant jusqu’à cinq familles en même temps. Certaines PDI occupent une chambre chez l’habitant, moyennant parfois le paiement d’un loyer. D’autres dorment avec leurs hôtes dans la même pièce. Le manque d’espace oblige certaines familles à loger une partie de leurs enfants chez des voisins de leurs hôtes.

À Kibabi dans le Nord-Kivu et à Nundu et Swima dans le Sud-Kivu, certains déplacés vivant en famille d’accueil depuis plus d’un an se sont vu attribuer une parcelle sur la terre de leurs hôtes pour y construire un petit refuge. À Birere et Katale dans le Nord-Kivu, des participants aux discussions de groupe ont déclaré vivre dans des abris de fortune sur des sites de déplacés depuis leur arrivée.

De nombreuses personnes déplacées ont du mal à subvenir à leurs besoins car elles ont des difficultés à continuer leurs activités économiques habituelles et peinent à développer d’autres activités suffisamment bien rémunérées.
Dans le Nord-Kivu, certaines PDI nous ont confié avoir été moins affectées par les déplacements précé-dents car elles avaient en effet reçu une aide humanitaire plus importante.

Le présent document s’intéresse à la répartition des rôles et des responsabilités au sein des ménages déplacés et aux répercussions des déplacements sur les relations familiales. Il montre clairement une modification des responsabilités qui incombent aux hommes, aux femmes et aux enfants et décrit la façon dont les relations évoluent au fil du déplacement. L’influence des filets de sécurité et de la famille élargie y est également abordée. Enfin, notre étude montre le rôle crucial joué par la cohésion et les relations familiales dans le développement et le renforcement de la résilience des individus et des communautés dans leur ensemble.

Compte tenu de nos conclusions, cette recherche suggère que:

La cohésion familiale devrait être considérée comme faisant partie intégrante du concept de résilience individuelle et communautaire;

De leur évaluation à leur suivi, en passant par leur conception et leur mise en œuvre, les programmes visant à promouvoir la résilience devraient tenir compte de la cohésion familiale;

Le suivi des changements touchant la dynamique familiale des PDI et la collecte de données ventilées concernant les répercussions des déplacements sur les hommes, les femmes et les enfants sont essentiels pour élaborer des programmes ciblés et comprendre la façon dont la résilience et les capacités d’adaptation évoluent et peuvent être renforcées au fil du temps.


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